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Là où s'achève une histoire, en naît une autre
6 octobre 2012

Comme un violon qui tombe...

Violons-I_scale_762_366

Je suis entrée dans ma chambre avec Lucas. Carmel avait laissé la fenêtre ouverte après avoir fait le ménage, et toutes mes partitions s'étaient éparpillées sur mon lit avec le vent. J'allais pour la fermer quand Lucas m'a arrêtée.

-          Laisse, ça fait de l'air.

Je me suis alors dirigée vers mon lit pour ranger mes partitions. Une mélodie s'est fait entendre, du violon. Je me suis retournée, et j'ai vu la magnifique blonde par la fenêtre, en train de jouer du violon dans le jardin d'Ethan, qui la regardait béatement. La mélodie était magnifique, elle avait vraiment du talent.

-          Ça me rappelle quand tu nous faisais des mini-concerts, avant.

J'ai souri. La musique s'est arrêtée. Lucas a désigné mon violon, posé sur mon lit.

-          Vas-y, comme au bon vieux temps.

-          Arrête…

-          Avant, tu te faisais pas prier.

J'ai pris mon violon. Après tout, j'étais aventurière aujourd'hui. J'ai pris une partition au hasard, et j'ai commencé à jouer. J'ai entendu des engueulades dehors, j'ai accéléré le tempo. Des pleurs, j'ai ralenti. Puis un moment de vide, j'ai repris mon tempo du début.

-          Fais pas l'idiot, t'as flashé sur elle !

Je me suis arrêtée net. J'ai repris, refusant de me laisser influencer. J'ai entendu la blonde qui reprenait en canon avec moi, pile au bon tempo. J'ai accéléré la cadence, elle a suivi. Elle s'est arrêtée, j'ai continué, prise dans mon élan. J'ai entendu un bruit sourd, comme celui d'un violon qui tombe.

-          Mon copain vient de me plaquer ! a-t-elle crié.

Alors ils n'étaient pas ensembles ? J'ai fermé la fenêtre, refusant d'en entendre davantage.

-          Pourquoi tu t'arrêtes ? a demandé Lucas, qui s'était assis sur mon bureau.

-          J'ai plus la tête à ça.

-          T'as changé, P'tite Alice.

Je suis restée là, abasourdie, ne sachant pas quoi faire, quoi répondre.

-          Mademoiselle, a crié Carmel depuis la cuisine, il y a quelqu'un pour vous !

Je suis sortie de ma chambre, Lucas sur mes talons. Qui ça pouvait bien être ? Personne ne venait jamais me voir. A moins que ce soit Julie qui vu Lucas venir à la maison et qu'elle faisait sa jalouse. Oui, c'était forcément ça. Je ne voyais pas qui ça pouvait être d'autre.

Aussi ai-je été très surprise lorsque j'ai vu la magnifique blonde, dans sa magnifique robe, en plein milieu de la cuisine. Si surprise que j'en ai failli lâcher mon violon, que j'avais gardé dans ma précipitation. Je me suis rattrapée de justesse et l'ai posé sur la table, avec mon archet.

-          Salut, je suis Lune, a-t-elle lancé d'un ton anodin.

-          Alice, ai-je répondu machinalement.

-          Je dois y aller, a dit Lucas, visiblement mal à l'aise.

-          Tu peux rester, ai-je-dit, incapable de cacher totalement mon ton suppliant.

-          Non, j'ai du boulot. A demain.

Lucas était toujours mal à l'aise avec filles qu'il ne connaissait pas, surtout avec les jolies. Alors avec Lune…

-          A demain.

Je ne pourrai plus me cacher derrière lui, ou le laisser parler à ma place. Tant pis, j'allais devoir me débrouiller seule.

-          Très beau violon, a-t-elle dit. Je t'ai entendue jouer tout à l'heure, tu le maîtrises très bien.

-          Merci. Toi aussi tu joues bien, tu as beaucoup de talent.

Elle a posé son violon et son archet sur la table.

-          Un duo ? a-t-elle proposé.

Je ne savais pas quoi dire. J'ai pris mon violon et l'ai coincé sous mon menton. Je m'étais déjà dévoilée en public deux fois aujourd'hui, alors pourquoi pas une de plus ? Qu'est-ce que j'avais à perdre ?

Elle a sorti une partition de sa poche. J'ai reconnu une étude basique.

-          Tu connais ? a-t-elle demandé.

-          Ça fait longtemps que je ne l'ai pas joué mais oui, je connais.

Elle l'a posée contre la paillasse, et a coin son violon sous son menton.

-          Trois, quatre.

On a commencé. Elle a pris un tempo assez rapide. Elle a accéléré, j'ai continué, me emttant à son rythme. Elle a encore accéléré. J'ai suivi, tant bien que mal. Elle s'est arrêtée brusquement. J'ai continué.

-          Tu sais, Ethan t'aime beaucoup.

Mes doigts se sont emballés, mon archet a dérapé, mes mains ont glissé. J'ai posé mon violon sur la table et me suis tournée vers elle.

-          On parle bien du même Ethan ?

Elle a baissé son violon et s'est tournée vers moi.

-          Tu en connais beaucoup ?

-          Moi, non. Mais toi, peut-être.

-          On parle bien du même. Du seul qu'on connait; De celui qui t'aime beaucoup.

-          Il a une façon spéciale de le montrer.

-          Il a ses têtes. C'est… c'est sa personnalité. Il est comme ça.

-          Sors de chez moi, s'il te plait.

-          Mais…

-          S'il te plait, tu n'arranges rien.

Elle est sortie, empotant son violon, son archet et sa partition. Je me suis assise, désemparée. J'ai sorti la partition qu'Ethan m'avait rendue ce matin. J'ai relu le message en frissonnant. J'ai fait le vide.

J'allais devoir la photocopier avant de la jeter.

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Là où s'achève une histoire, en naît une autre
  • Ceci est l'histoire d'Ethan et d'Alice,aussi différents que le noir et le blanc.Ce qui est pour lui l'aube,est pour elle le crépuscule.Ce qui est pour lui le paradis,est pour elle l'enfer. Tout est contraire,tout s'oppose,mais tout s'équilibre entre eux.
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